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Le cœur de Thomas par Moto HAGIO

Couverture du Coeur de Thomas
Le cœur de Thomas

Éditeur : Kaze Mangas
Auteur : HAGIO Moto
Date de sortie : 05/12/2012
Nombre de volumes : 1 (fini, one-shot)
Prix : 19,99 €
Genre : Historique, Drame

 

Résumé/Synopsis

Lorsque le corps du jeune Thomas Werner est retrouvé mort un matin d’hiver, la seule chose qu’il laisse derrière lui est une lettre adressée à son camarade Juli, et dans laquelle il lui confesse son amour. Bouleversé par cette révélation, le studieux Juli sombre dans des abîmes de confusion, et c’est à son ami Oscar qu’incombe le devoir de veiller sur lui, malgré les sentiments coupables qu’il éprouve lui aussi pour son triste patient.
Cet équilibre fragile va être violemment secoué lorsqu’arrive à l’école un nouvel élève, Éric, dont la ressemblance à Thomas est troublante…
(Sources : Manga-news et Manga-sanctuary)

Critique de Le cœur de Thomas

Illustration réalisée par Moto Hagio pour Le coeur de Thomas
THOMAS NO SHINZOU © 1975 Moto HAGIO / Shogakukan Inc.

La seule chose que je regrette peut-être sur ce titre, c’est qu’il soit passé autant inaperçu lors de sa sortie chez nous en 2012. Et ceci alors même que son auteure est l’une des pionnières du shojo au Japon au début des années 1970. C’est un véritable monument à elle-seule. C’est celle qui a permis l’apparition du shonen-aï et par la suite le boy’s love.

Elle a véritablement révolutionné le genre du shojo avec deux autres personnes : celle qui a fait La Rose de Versailles et celle qui a fait Georgie. À elles trois, elles ont su créer un nouveau genre de mangas au Japon afin de répondre à un public féminin de plus en plus important.
Alors mon seul regret est que ce titre soit passé aussi inaperçu. Je me suis rendue compte qu’il n’était sorti qu’en réalisant mon mémoire à l’époque. Et parce que je ne l’ai jamais vu en librairie. Du moins celles que je fréquente.

Ce titre mérite amplement d’être mis en avant. Je ne dis pas cela juste parce qu’il m’a plu. Non, ce titre est véritablement transcendant. J’ai été extrêmement émue à sa lecture. De nombreuses fois j’en avais les larmes aux yeux. J’ai été touchée comme je ne l’aurais jamais pensé. Pour un manga des 70’s, il n’a en rien perdu de sa superbe, bien au contraire même.

Cette vie quotidienne vécu par de jeunes adolescents, dans un internat de campagne, au fin fond de l’Allemagne, est particulièrement bouleversant. Les protagonistes principaux tentent de se démener comme ils le peuvent, à leur manière, contre la vie, ses difficultés et sa cruauté à bien des égards.
Des élèves perdus, en pleine confusion se battant à la recherche d’une lumière parfois trop ténue et lointaine.

Illustration réalisée par Moto Hagio pour Le coeur de Thomas 2
THOMAS NO SHINZOU © 1975 Moto HAGIO / Shogakukan Inc.

Les sujets abordés sont parfois violents à bien des égards : la question de l’infidélité, de l’adultère, la perte de la confiance en soi, la perte d’un être cher, se retrouver sans famille, le vide permanent en cas de souffrance intérieure, la recherche d’un espoir à jamais disparu, la recherche de réponses parfois incompréhensibles pour surmonter les obstacles, la recherche d’une façon de vivre adéquate tout simplement…
Bref, les sentiments se révèlent. Ils s’entrechoquent, se déchirent et reviennent dans un imbroglio étonnant et parfois cruel. Mais tout le temps juste, à chaque fois même. Ils font mouche afin de faire transparaître qu’en acceptant de faire confiance aux autres, et à se faire des amis, on devient plus forts. Et qu’on est plus à même d’affronter la vie et de faire des choix, les bons choix.

Moto HAGIO signe ici un magnifique ode à la vie.
Certes son dessin est très caractéristiques des années 1970. Mais cela n’est que pour mieux rendre justice à une telle oeuvre. Elle sait toucher par certains coups de crayon particulièrement efficace le lecteur. Les sentiments transparaissent parfaitement dans la manière d’être des personnages et leurs regards. Les décors sont simplifiés mais suffisamment présents pour camper une atmosphère si particulière.
L’utilisation de trames afin de donner des effets de suspense, tragiques et dramatiques est monnaie courante tout au long du livre, séparé au final en trois chapitres, ajoutant avec plaisir à la tension ambiante et ces sentiments, ces cœurs qui se percutent.

Troisième et dernière illustration réalisée par Moto Hagio pour Le coeur de Thomas
THOMAS NO SHINZOU © 1975 Moto HAGIO / Shogakukan Inc.

Les trois chapitres permettent de cerner parfaitement les différentes clés de l’intrigue. La première partie met en place le contexte de la mort de Thomas, la confusion de Juli et l’impuissance d’Oscar avant de voir arriver la tornade Eric qui semble devoir tout emporter dans son sillage de par son insolence et sa rébellion personnelle. La deuxième partie met quant à elle plutôt en avant la prise de conscience d’Eric vis à vis de Juli, la recherche désespérée d’Oscar et des actions qui vont permettre de faire éclater quelques secrets dont certaines jalousies, à l’instar d’Ante, un personnage secondaire. Et la troisième partie est là pour mettre une fin à cette histoire bouleversante avec la révélation de Juli, l’acceptation d’Eric et la réussite pour Oscar.

En somme, ces trois chapitres sont là pour éclairer le lecteur tout au long de l’intrigue, pour révéler les tenants et aboutissants de manière saisissante.
Il y a peut-être encore un reproche à dire. Ce titre n’est pas mis en avant car l’édition qui est parfois un peu bâclée. Pas mal de phrases subissent des fautes, ou des problèmes d’inversion. Rien de bien méchant, mais certaines auraient pu être évitées facilement.
Enfin, le format, ce n’est ni un format luxe, ni un grand format, il se situe entre les deux et ne possède, à part une jaquette cartonnée avec rabat, rien d’exceptionnel. Pour un titre attendu depuis si longtemps, et d’une auteure aussi exceptionnelle pour le milieu, c’est un peu dommage. Mais cela ne dérange en rien la lecture.

Conclusion

En somme, je conseille fortement l’intégral de cette histoire. Si vous souhaitez être transporté dans un univers bouleversant, onirique, cruel… Mais aussi saisissant, n’attendez plus et jetez-vous sur ce titre. Ne restez pas bloquer sur son dessin et son résumé. Il vaut la peine d’être découvert et apprécié à sa juste valeur.

Cette chronique date de 2013.

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